Qui suis-je?

18 avril 2023

Voyez ce beau message de Madame Lamontagne!

Reposant sur ses lectures, ce message a été préparé par Serge Hayman, vice-président de la Coalition. Serge est un  ardent protecteur de la faune et il possède une connaissance approfondie de la riche biodiversité présente sur les territoires de l’aire protégée Mont-Kaaikop.

La naissance

Je suis née bien après que la croûte terrestre de la région se soit formée. Les pressions magmatiques en profondeur ont poussé à la verticale le bouclier Laurentien, qui a traversé la croûte terrestre. Il avait déjà structuré le paysage Laurentien depuis des millénaires et avait créé un monadnock, incluant le Kaaikop, montagne Noire et Tremblant, entre autres, sur une superficie de 325 kilomètres carrés.

L'ère glaciaire suivra et l’érosion du déplacement des masses glaciaires et la fonte de celles-ci créeront nos lacs et nos vallées environnantes.

Kaaikop, de par sa nature géologique et son altitude, a évité l'érosion régionale et se dresse bien droit, escarpé, dénudé, enroché de ses pierres volcaniques sur un sol mince, tel qu’il est décrit par celui qui a officialisé mon nom d’un descriptif Algonquin, le géologue M.A Klugman en 1956.

Au fil du temps

Depuis plusieurs siècles, je suis un des plus hauts sommets au sud des Laurentides et la source de trois bassins versants, au centre d’une forêt ancienne avec du caractère et dont l’empreinte du temps a conféré une complexité biologique et une architecture éloquente.

La faune et la biodiversité ont toujours été abondantes et les communautés autochtones tirent leur subsistance d'un territoire giboyeux.

La colonisation ne débute que vers 1853, lorsque Carolus Laurier, écuyer/arpenteur (père de Wilfrid Laurier), trace le Chemin du Gouvernement, de Sainte-Marguerite-du lac-Masson, jusqu’à la décharge du Lac Archambault.

Il gravit le Kaaikop et il installe, pour la future colonisation, les premières bornes de lots à partir du lac Lemieux.

Ce premier développeur délimite, sur mon dos, la région des Laurentides de celle de Lanaudière, avec un penchant favorable pour les Laurentides.

Depuis on a caractérisé mon environnement unique de terres publiques, me protégeant ainsi de la colonisation, mais pas de l’exploitation de mes écosystèmes.

Pendant un siècle tout a été correct. Les humains s’installent en villégiature et profitent de randonnées enivrantes de par la beauté des paysages et le territoire conserve une biodiversité exceptionnelle, jusqu’à la fin du dernier siècle.

Depuis

« N’oubliez jamais que la forêt ancienne a un rôle inattendu d’être à la fois un berceau et un musée de formes vivantes et elle mérite une définition ambitieuse, car c’est bien plus qu’une collection d'arbres, qu’ils ont appelé des écosystèmes de tiges à récolter. »
- Francis Hallé, 2021

Les dernières années, c’est indéniable que vous avez résolument plusieurs tendances fortes à développer votre société actuelle avec les ressources naturelles.

Et tout d’un coup, pour certains secteurs de mon environnement, à blanc, vous me coupez la jupe de sa verdure de sapins et d’épinettes, de tous mes grands pins blancs, sans compter les cédrières refuges hivernaux de la grande faune, coupées à ras du sol, jusqu’aux confins des forêts privées qui sont restées debout.

Les chevreuils, devenus sans abris, ont perdu leurs couvertures d’hiver et ont été, soit disséminés par les loups, ou c’est l’exil vers les couverts forestiers des terres privées et des villages.

Les orignaux, plus timides, se réfugient en hauteur dans la forêt ancienne et dans le territore de chasse et de pêche de la communauté autochtone jouxtant mon territoire et ils sont chassés à l’automne.

La petite faune, elle, s'entasse à 20 mètres des lacs et des cours d’eau, à la limite des coupes à blanc où il ne reste que très peu d’arbres et ils sont donc condamnés à la mise en pâture aux prédateurs.

Depuis peu, il semble que l’intérêt monétaire soit pour mes pieds, qui sont en exploitation, dynamités et broyés dans un fracas, auquel je dois, bien malgré moi, faire écho.

Aujourd'hui

De toutes les forêts, ce sont les anciennes qui sont les plus belles. Ma biodiversité a besoin d’espaces vitaux naturels pour survivre dans votre monde.

Une pensée sociale positive pour la préservation d’espaces de forêts anciennes naturelles se dégage présentement. (Francis Hallé, 2021).

Plusieurs groupes et scientifiques s'affairent à démontrer que l’occupation et l’aménagement d’un territoire public particulier n'est pas qu’une affaire de récolte.

Le plaisir que j’ai à voir une multitude de bipèdes, en forme, souriants et en extase devant ma beauté, n’est pas éternel. Prenez soin de moi...

Kaaikop souhaite à tous ses gardiens et gardiennes de bonne volonté, le plus grand bien et une longue vie. Il y va de notre survie à tous

Madame Lamontagne